Rencontre avec Michel Amato, plus connu sous le nom de The Hacker… Avec une carrière déjà bien remplie : « First Album »(2001) avec Miss Kittin et « Mélodies en sous-sol » (2000), un nombre impressionnant de remixes, le boss du label « Goodlife » nous reçoit pour la sortie de son dernier Album « Rêves mécaniques ».
CUGEL : D’où vous vient ce titre « Rêves mécaniques ? » – une allusion au musée des automates de Grenoble ?
The hacker : Effectivement, le titre provient d’un panneau que j’aperçois souvent à Grenoble. Il est situé près du Musée des Automates, musée que je n’ai d’ailleurs jamais visité. Ce titre me fascine et je l’ai gardé au fond de ma mémoire pendant quelque temps. Lorsque j’ai travaillé sur l’album, pendant l’enregistrement, très vite, il me semblait tout à fait coller avec l’ambiance de l’album.
CUGEL : Le titre « Mélodie en sous-sol» de votre premier album est-il aussi révélateur ?
The Hacker : Oui, c’est le titre d’un film des années 60. Film qui m’a fort marqué au niveau atmosphère. En plus j’aimais l’idée du jeu de mot avec underground (sous-sol) car il correspond à ma musique, mais « underground » s’est vidé de son sens et est un terme usé depuis longtemps. Je voulais donc le mettre mais sans le dire.
CUGEL : Quelles sont les influences de votre nouvel album ? Electro / Techno ?
The Hacker : J’ai voulu créer une atmosphère d’opposition entre l’humain et l’organique. Le morceau qui correspond le mieux à l’atmosphère de « Rêves mécanique » est à mon sens « It’s the mind ». Il est à la fois psychédélique mais tout en présentant une rythmique très droite. Je trouve mes sources dans les rencontres entre la musique new-wave, electro pop… des trucs que j’écoute depuis des années mais j’aime aussi le son Détroit, bref un sacré mélange… Pour « The Brutalist » je me suis inspiré d’un son à la Jeff Mills, plus underground. En fait ce sont toujours les mêmes influences qui reviennent… Il y a aussi la trace des raves.
CUGEL : Un titre avec Miss Kittin ? Est ce le prélude à un redémarrage de la collaboration ? Ou alors un échange de bon procédé en retour de « Soundtrack of now » (Morceau de The Hacker sur le dernier album de Miss Kittin) ?
The Hacker : Non pas vraiment un échange. En écrivant mon album, je gardais des morceaux de côté. Caroline et moi sommes très proches. Un jour je lui en ai fait écouté 6. Mon intention était de lui faire écouter, sans plus… Et Elle a flashé tout de suite sur « Masterplan ». Ensuite on a démarré et voilà…
CUGEL : « Masterplan » ressemble beaucoup à ce que vous faisiez ensemble sur le « First Album » de Miss Kittin and The Hacker, non ?
The Hacker :Oui mais ce n’est pas voulu, on le sentait comme ça. Comme cela lui plaisait, je lui ai donné. Ca sonne moins brut que le « First Album », c’est plus subtil. A la fin y a un clin d’oeil évident (le rire) . On essaie de garder beaucoup d’humour dans nos collaborations. Caroline et moi, nous allons faire quelques lives avec nos morceaux communs « Masterplan », « soundtrack of now » et peut être faire quelque chose de plus conséquent ensemble, mais il n’y a encore rien de prévu.
CUGEL : Comment s’est passé la collaboration avec Mount Sims ou Ian Clarke (Perspects) ?
The Hacker : Je connais Mount Sims et Ian Clarke depuis un bon bout de temps. La décision de bosser avec eux s’est faite spontanément et très rapidement. En 4 mois j’ai enregistré l’album. Chaque morceau que je leur ai proposé leur a plus tout de suite. Il n’y a pas eu d’allers et retours incessants comme parfois. On a décidé de sortir « Flesh and bones » avec la voix particulière de Ian comme premier single extrait de l’album.
CUGEL : quelle est votre scène préférée ? « I Love Techno » ou un club plus intimiste ?
The Hacker : Ah ce sont deux choses différentes ! I Love Techno c’est vraiment la fête, le rassemblement. Je me suis bien amusé lors de mon set l’année passée. Mais bon je tourne beaucoup dans des clubs plus petits. Je passe par périodes au Fuse. Mais j’essaie d’espacer les venues car je ne veux pas que les gens en aient marre. La Belgique est un petit pays. Mais je joue partout, j’étais il y a peu à la Soundstation de Liège et je serai en novembre à Gent. En Belgique, le public est sensibilisé, je le ressens souvent lorsque je joue ici. Lorsque je passe tel ou tel morceaux, je ressens des réactions particulières du public. C’est très chouette.
Dans un club, c’est plus intime et on peut prendre plus de risques musicalement que dans des grands messes du style « I Love Techno ». Mais les deux sont complémentaires.
CUGEL : Vous avez à votre actif une impressionnante série de remix et de productions : Air, Dj Rush, Chemical Brothers, Nitzer Ebb, Sex in dallas, Meilleurs souvenirs ?
The Hacker : Meilleurs souvenirs ? Beaucoup ! Des moins bons aussi, je me souviens particulièrement d’un remix pour Nitzer Ebb, groupe que j’adore. Mais là, j’avais moins d’une semaine pour faire le remix. Il a fallu travailler le plus vite possible et je n’étais pas content du résultat. C’est un regret, un souvenir négatif.
CUGEL : Un remix c’est une question d’opportunités ou un choix délibéré de travailler avec tel artiste ?
The Hacker : On m’en demande beaucoup et j’essaie de respecter l’artiste. Si je sens que je ne peux rien faire, je préfère refuser. Il y a des choses auxquelles je ne touche pas, je n’oserais pas remixer « the robots » de Kraftwerk ou quelque chose de Depeche Mode. Pour des groupes comme cela, rien que la demande me ferait super plaisir cela dit !
CUGEL : D’autres projets pour 2005 tant personnel qu’au niveau de votre label ?
The Hacker : Plein de choses au niveau de mon label Goodlife ! Des sorties (Kiko, Millimetric). Je vais m’occuper de la tournée de promo de cet album. Plus des tournées DJ prévues en Europe et plus principalement en France, Allemagne et Pays-Bas. Plus loin peut-être… mais après. Aux Etats-Unis par exemple tant musicalement qu’au niveau du contexte politique cela ne me plait pas trop. Les scènes sont trop petites et cela n’a pas beaucoup d’intérêt d’aller jouer devant 150 personnes à New York. Même si je reconnais que ce sont des passionnés ! Mais c’est beaucoup d’énergie, de temps et d’investissement pour un faible retour…
Interview réalisée pour le compte de et publiée dans le magazine « White Night ».