– Mais c’est un contresens, reprit doucement Jimmy.
– Quoi donc ?
– Le péché originel. C’est une faute de Saint Augustin. En traduisant l’Epître aux Romains, il s’est trompé dans les pronoms. Il n’a pas vu que le relatif renvoyait à la mort, qui est un nom masculin en grec, et non au péché, qui est féminin. Dans le texte original de saint Paul, c’est la mort qui devient héréditaire à cause du péché d’Adam, pas le péché lui-même. Quand on lui a mis le doigt sur sa bourde, Augustin était vieux, il avait fini sa théologie qui faisait déjà autorité, il a dit : Tant pis. Il n’allait pas tout recommencer pour une coquille. Il s’est contenté d’un post-scriptum: les nouveaux-nés, qui n’ont pas eu le temps de commettre d’autre péché que l’originel, iront dans un enfer spécial, beaucoup plus soft. Et voilà comment la chrétienté continue de vivre sur l’idée que la damnation éternelle se transmet par héritage.
Didier van Cauwelaert – L’évangile de Jimmy