Relisant l’autre jour, « 24 heures dans la vie d’une femme » de Stefan Zweig, comme à chaque fois, – la plupart des œuvres de Zweig sont des longues nouvelles, les éditions de poche complètent l’œuvre par une biographie de l’auteur -, intéressé à cette partie de l’ouvrage.
Pour mémoire, Zweig a été un auteur très lu et très populaire de son vivant, une « star » à la renommée équivalente d’un Eric-Emmanuel Schmitt. D’origine juive, il quitte l’Allemagne en 1933 et commence un exil confortable à travers le monde.
Zweig et sa femme, se sont réfugiés au Brésil. Nous sommes en 1942. Ils vont se suicider, désespérés par ce qui semble être, à ce moment,la victoire du nazisme.
Voici sa dernière lettre: « Avant de quitter la vie de ma propre volonté et avec lucidité, j’éprouve le besoin de remplir un dernier devoir: adresser de profonds remerciements au Brésil, ce merveilleux pays qui m’a procuré, ainsi qu’à mon travail, un repos si amical et si hospitalier. De jour en jour, j’ai appris à l’aimer davantage et nulle part ailleurs je n’aurais préféré édifier une nouvelle existence, maintenant que le monde de mon langage a disparu pour moi et que ma patrie spirituelle, l’Europe, s’est détruite elle-même. Mais à 60 ans passés il faudrait avoir des forces particulières pour recommencer sa vie de fond en comble. Et les miennes sont épuisées par les longues années d’errance. Ainsi, je pense qu’il vaut mieux mettre fin à temps, et la tête haute, à une existence où le travail intellectuel a toujours été la joie la plus pure et la liberté individuelle le bien suprême de ce monde.
Je salue tous mes amis. Puissent-ils voir encore l’aurore après la longue nuit! Moi je suis trop impatient, je pars avant eux.
Stefan Zweig Pétropolis, 22 – 2 – 42 »
Cette décision reste pour moi un mystère…